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Le 23 octobre 2020 notre ami Christian ZEIMERT nous a quitté.
Il est parti rejoindre ses amis Topor, Olivier O. Olivier, …

Zeimert naquit parisien et angevin de Lorraine, formé à l’école Boulle et dans l’atelier de Gromaire.
Il fut Malassis (pas longtemps) avec Cueco ou Parré. Il fut Panique avec Topor, Olivier O. Olivier ou Arrabal. Il fut Radio-Libertaire et Fou Parle avec Jacques Vallet. Il fut Papou dans la tête avec Bertrand Jérôme et Françoise Treussard… Sans doute trop indépendant pour être d’un seul groupe.
Peintre, il fut baptisé « calembourgeois » par la critique (ou était-ce Zeimert qui lui avait soufflé le terme ?), ce qui n’était pas faux mais réducteur. Il avait à peindre sa haine radicale de la bêtise, des modes artistiques et de la guerre avec la plus grande causticité, sans complaisance ni méchanceté ni aigreur. Il fut un peintre joyeux, celui qui fait rire dans ses expositions (récemment au musée de Vernon) par ce va-et-vient cocasse du titre à son tableau et du tableau à son titre. Rappelons-nous Monument aux ivres morts, Jésus et ses dix slips, Le fils du Père Barbelé, Uburen…
Zeimert fut irrévérent. Klein en prit pour son grade, et Mondrian, et Poussin, son voisin des Andelys et Monet, son voisin de Giverny (liste non close). Zeimert célébra en peinture Chaval et Bosc tout en ravalant le cubisme aux jeux de cubes de l’enfance.
Il fut un Marcel Duchamp rerétinisé après trop d’ascèse, regoûtant aux joies et aux beautés de la peinture à l’huile, donc aux vapeurs de la térébenthine. Il n’aura pas fini de peindre son Escalier descendant des nues et prenant du champ.
Certaines de ses peintures subversives sont à Beaubourg ou au Musée d’art moderne, mais qui ose les montrer dans ces temples ? Il est l’épine dans le grand P de la patte de la Peinture, une épine signée d’un Z, qui veut dire Zeimert.

Jacques Jouet

Nos artistes exposent

Le 24 octobre, notre ami Paul Rambié nous a quitté. Il avait 101 ans

A Paul,

Souvenir
Une photographie de classe jaunie: au premier rang, assise en tailleur aux cotés de mon frère; je dois avoir 4 ans. En haut, à gauche de notre maîtresse Mme B…, Chantal.
Amitié d’enfance, amitié fidèle, image durable, morceau de vie.

Souvenir
C’est aux cotés de Chantal que dans les années 70, nous sommes entrés, Roland et moi, dans votre famille. Plus tard, elle est devenue votre belle-fille.

Souvenir
De ces années d’atelier, où vous nous embarquiez pour de longs voyages cosmiques tout inondés de lumière à travers des sphères couvertes de portées musicales où pour nous les notes surgissaient comme des étoiles. 

Souvenir
Autour d’un verre, nous parlions des heures, le temps courait…

Souvenir
Votre révélation de Dieu, votre conversion, un événement majeur.
L’empreinte profonde du “sacré” marquera votre oeuvre.

Souvenir
La vie, le quotidien, nous voyagions de par le monde où quelquefois nous vous entraînions.
Le Pérou, avec une exposition aux Alliances Françaises de Lima et Trujillo, Le Portugal, avec une exposition au Centre Culturel Franco-Portugais de Lisbonne.
Belles aventures: Machu Pichu que  vous avez découvert par le sentier des étudiants, celui que l’on grimpe lorsque l’on a toujours 20 ans, pour embrasser d’un coup ce site magique. Vous souvenez-vous de ce matin où nous étions seuls pour assister au levé du soleil dans ce décor grandiose. Privilège, communion avec le surnaturel.
Vous souvenez-vous du baroque portugais, des petits restaurants de poissons, du “fado” et du “vino verde”
Nous revenions.
L’atelier c’était vous.

Si le regard est l’âme, je choisi, comme l’amateur d’Art, les ressources et les réjouissances du regard pour explorer votre univers de formes et de couleurs.
Je poursuis ma quête, pour fouiller, parcourir, découvrir votre univers fantomatique, celui des masques, des empreintes où la lumière incendie la chair des SANS VISAGES … Je flâne à travers de longues galeries habitées par des faces aux yeux vides. L’atmosphère traversée de losanges de feu est au gris, au noir, au bleu cobalt. Dans ce labyrinthe, la tête du Christ m’apparaît à travers un voile, à la  manière du linceul de Turin.
“Vaisseau fantôme”, fascination comme dans les rêves, le retenir … le dévorer avant qu’il se dérobe.
Lors de la préparation de votre exposition de Saint Nazaire. Errance sur vos chemins sacrés baignés d’une lumière blanchâtre, ceux de l’Apocalypse ou l’on côtoie le mystère de la mort sous la forme d’êtres décharnés, squelettiques.

Souvenir
Tout à coup, vous vous êtes mêlé à ce mystère. Vous vous êtes endormi d’un sommeil profond durant plus d’un long mois.
Maladie, visites, chuchotements, musique, paroles …
Pour notre plus grand bonheur, de ces ténèbres vous nous êtes revenu.

A Saint Nazaire, il vous fallait la parcourir cette galerie des Franciscains et les retrouver vos Grandes Gueules. Vous assurez que leurs faces et leurs âmes s’infiltraient bien en profondeur, pour s’accrocher à nos regards.
Aujourd’hui, j’imagine que pour vous, l’acte de peindre est de l’ordre de la prière, que vous êtes l’Otage de votre Oeuvre et de sa solitude.
Pour moi, votre Art laisse deviner que le monde à un sens.

Anne-Marie Pallade